C'est un procès record qui vient de se clore en Italie. Le tribunal de Turin a condamné à 16 ans de prison l'ex-dirigeant et un administrateur du groupe Eternit, spécialisé dans la fabrication de matériaux de construction en amiante-ciment. Le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny, 65 ans, et le baron belge Jean-Louis de Cartier de Marchienne, 90 ans, ont été considérés responsables "d'avoir provoqué une catastrophe sanitaire et environnementale permanente et enfreint les règles de la sécurité au travail".
Exposées à l'amiante, près de 3.000 personnes sont mortes en Italie, ouvriers ou habitants de villes où Eternit Italie avait des usines. Les dédommagements à verser aux 6.000 parties civiles devraient se monter au total à plusieurs dizaines de millions d'euros.
Ce premier procès de l'amiante au pénal trouve un écho en France où des plaintes du même type on été déposées, plaintes qui pour l'instant n'ont pas débouché sur une procédure. Pour Europe Écologie Les Verts le procès italien a été possible grâce à l'indépendance du Parquet : "en Italie la justice a suivi son cours avec efficacité grâce au travail d'un Procureur indépendant, Raffaele Guariniello, alors qu'en France où le Parquet dépend directement du pouvoir exécutif et se trouve soumis aux instructions directes de la Chancellerie, ce dossier n'a pas cessé de voir son instruction ralentie, pour ne pas dire obstruée", a déclaré Pascel Durand, porte-parole du parti.
Du coté d'Agir pour l'environnement, le résultat de ce procès est "encourageant" mais l'association estime que le délai entre les faits incriminés et le jugement est choquant : "pourquoi a-t-il fallu attendre 40 ans pour l'amiante italienne, et pourquoi le cas des usines françaises du groupe Eternit n'est-il toujours pas jugé ?", s'interroge-t-elle.